CHARTE

NOTE LIMINAIRE

Le développement durable passe par l’accès aux droits, par le respect et la protection des libertés des personnes dans un environnement sain.

La charte d’UNAH a été écrite au lendemain d’une étude sur la sauvegarde des droits et libertés humains à travers des actions allant dans le sens des Objectifs du Millénaire de Développement (OMD). Cette étude, axée sur la manière la plus efficace pour sauvegarder notre espèce, est multidimensionnelle, intergénérationnelle et multisectorielle. Elle se veut impliquer toute personne quel que soit son origine, sa profession, son âge et son sexe.

En Afrique, les conflits armés et ethniques ainsi que l’accaparation du pouvoir ont bouleversés les peuples aux 20ème et 21ème siècles. Les conséquences de ces conflits ont eu des retombées inestimables sur l’écologie (du grec oikos : demeure, et logos : science, a été proposé par Ernst Haeckel en 1866 pour désigner la science qui étudie les rapports entre les organismes et le milieu où ils vivent). Des hommes et des femmes meurtris, des familles détruites, des enfants violés, massacrés, exploités, abandonnés à la rue, par un triomphe de la violence et de la « vita » (mot swahili désignant la guerre ou les conflits avec comme objectifs de détruire et d’anéantir l’adversaire). Ces enfants, abusés, stigmatisés et rejetés par leurs sociétés, par leurs familles, traversent des situations inimaginables au quotidien, luttent pour survivre dans un milieu sans foi ni loi, « la rue ».

Est-ce une question de prédestination, de malédiction, de déni, d’injustice ou d’asservissement ? Rien de tout cela ne peut être la cause directe de la souffrance des peuples. Ces interrogations sont la plupart de temps le résultat d’une absence de volonté politique des Etats signataire des conventions de protection des droits et libertés des personnes.

Cris de vengeance et appels à l’aide se confondent dans un ultime effort de survie face aux crimes dont ils sont le plus souvent victimes qu’auteurs. C’est une problématique de protection des peuples par les dirigeants, une problématique de puissance économique, une problématique d’éducation et de changement des mentalités, une problématique liée au non respect des droits et des libertés des personnes. Abus et exploitations coalisent, pouvoirs et domination pactisent, crimes et impunités collaborent dans un projet malsain et machiavélique.

PRÉAMBULE

Tout commence par le vécu d’une femme, dont la grande partie de la jeunesse s’est déroulée dans un climat de conflit armé, de tribalisme, d’insécurité politique, économique et sociale. A ses 10 ans, cette jeune femme a été violée par un homme d’une quarantaine d’année quand elle revenait de l’école. Elle a gardé ce secret à elle toute seule pendant une vingtaine d’année. Jamais sa famille ne l’a su. A l’âge adulte, elle a commencé à s’interroger sur les relations entre hommes et femmes, entre adultes et enfants et elle a compris que les seules choses qui l’ont fait avancer étaient son entourage familial et ses études. D’ailleurs, elle ne s’était jamais posé des questions là-dessus, et on peut croire qu’elle a choisi inconsciemment de vivre dans le déni de cet acte.

Plus tard, elle a commencé à s’interroger sur la vulnérabilité des enfants, surtout ceux et celles qui grandissent dans un environnement moins propice aux droits et libertés des enfants, d’égalité entre les sexes et d’autres liés à la seule reconnaissance de notre humanité.

Dans des contextes différents, ces mêmes personnes en situation de vulnérabilité sont aussi victimes d’une stigmatisation grandissante et impardonnable. Une discrimination dont les causes sociales sont ancrées dans les pratiques ancestrales, culturelles, religieuses déshumanisantes.

« Un enfant (la Convention relative aux droits de l’enfant et la Charte africaine sur les droits et le bien-être de l’enfant, définissent l’enfant comme une personne âgée de moins de dix-huit ans) ne choisit jamais de venir au monde. De ce seul fait, il est totalement innocent et les actes ignobles de ses parents ne peuvent lui être reprochés du seul fait d’avoir eu le malheur de naître d’eux ». Il s‘agit ici d’une problématique majeure, celle des enfants nés du viol et abandonnés à la rue par la mère, les grands parents et/ou rejetés par la société de son environnement. Les enfants dits « enfants soldats », les filles dites « filles-mères », les enfants dits « enfants sorciers », les enfants dits « enfants serpents », etc. Il existe également la question des enfants nés des familles décomposés, des pères inconnus, des enfants vivants sous une réalité géopolitique cloisonnée et dépourvue de toute ouverture aux autres peuples, des enfants victimes de la situation économiquement et socialement instable. L’UNAH agit auprès des enfants vivant en situation de pauvreté généralisée. 

Quelle inventivité sadique ? Quelle ingénieuse cruauté ?

Aujourd’hui la présidente d’UNAH, Alliance Heri, initiatrice de cette association en faveur des enfants est optimiste et remplie d’espoir pour un avenir meilleur. Nous renchérissons la maxime de Rabelais voulant « un Esprit sain dans un Corps sain », par « des enfants sains dans un environnement sain » ou « une humanité saine dans un monde sain ». « On ne choisit pas qui on est, on choisit qui on devient ». La grande question qui se pose est quel monde pour quel avenir et quel avenir pour quel monde ? Cette question a été posée aux fondateurs et fondatrices d’UNAH pour envisager une issue de secours pour ces enfants. C’est dans cet esprit qu’UNAH a vu le jour et a été constituée en association de solidarité internationale.

GÉNESE D’UNAH

La première action de l’association a été réalisée en 2010 dans la ville de Bukavu, au Sud-Kivu, en République Démocratique du Congo. Elle s’est articulée autour du constat selon lequel la RDC était toujours un pays où l’insécurité régnait même après les 50 années après la décolonisation. Une insécurité qui a fait des victimes et des auteurs de meurtres dont l’humanité aurait bien pu éviter. Cette première action fut un texte de théâtre relatant un héritage colonial qui a desservi et asservi tout un peuple. La pièce voulait, de manière simple, sensibiliser les congolais sur des actes qui, à l’heure d’aujourd’hui, restent de la seule responsabilité des auteurs qui les commettent, parce que l’on décide ce que l‘on devient.

Dans un monde sans foi ni loi, dans lequel le système du « sauve qui peut » est généralisé, il n’est pas étonnant que des enfants, laissés pour compte, se transforment en petits « kadogo, fenders, voleurs à mains armées », etc, et se voient grandir sans repères. Les retombés des conflits armés et tribaux sont énormes et les victimes innombrables.

« Après 50 ans d’indépendance», cette pièce de théâtre conçue et écrite en 2010 par la fondatrice d’UNAH, Heri Alliance, relate ce que les enfants subissent lors des conflits armés et dans la période post-conflit. Elle démontre la manipulation faite sur les enfants victimes des conflits armés, leurs enrôlement dans des factions armées, le massacre des familles, le viol sur ces enfants, les pillages, les enfants sans familles, arrachés du banc de l’école pour aller combattre un ennemi qu’ils ne connaissent pas et qu’ils n’ont jamais vu. Cet ennemi inconnu à multiples facettes, souvent plus fort qu’eux, les anéanti. Des fois, cet ennemi représente leurs propres familles, leurs frères, et eux-mêmes, croyant à une idéologie vengeresse sans fondement, et s’autodétruit, en cherchant à donner un sens à sa vie, à ses actes, et à son combat. Cette pièce est un cri d’alarme pour un monde qui se meurt, une mère-monstre-nation qui avale et tue sa progéniture, l’avilit et baigne de son sang. Ces enfants, victimes, sans défense, crient au secours, les mains tendues, demandant une aide. Ce texte se termine par un brin d’espoir vers un monde plein de vie et d’espérance.

L’engagement porté par l’UNAH se fait autour d’une croyance sur la portée du bien illuminé.